123 prisonniers politiques libérés par la Biélorussie après des négociations avec Washington : ce que l’on sait
La Biélorussie a libéré samedi le militant Ales Bialiatski, colauréat du prix Nobel de la paix 2022, et la figure de l’opposition Maria Kolesnikova, a annoncé l’ONG de défense des droits humains Viasna, après des pourparlers entre Minsk et Washington. Ces deux figures de l’opposition, détenues depuis plus de quatre ans, font partie d’un groupe de 123 personnes dont la libération a été annoncée par Minsk.
Qui sont les personnes libérées ?
Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a gracié « 123 citoyens de différents pays » après les discussions avec les États-Unis, a indiqué sur Telegram le compte Poul Pervogo, affilié à la présidence.
Parmi les personnes libérées figurent le militant Ales Bialiatski, colauréat du prix Nobel de la paix 2022, et l’opposante Maria Kolesnikova, mais aussi d’autres militants des droits humains et journalistes, ainsi que Viktor Babariko, un ancien banquier devenu opposant qui avait tenté, avant son arrestation, de se présenter contre Alexandre Loukachenko lors de l’élection présidentielle contestée d’août 2020. Un Américain figure également parmi les personnes libérées, a indiqué Washington.
Âgé de 63 ans, Ales Bialiatski a fondé en 1996 et animé pendant des années Viasna (« Printemps »), le principal groupe de défense des droits humains et source essentielle d’informations sur les répressions dans ce pays d’Europe orientale. Maria Kolesnikova, 43 ans, a pour sa part été l’une des meneuses des manifestations massives contre la réélection jugée frauduleuse d’Alexandre Loukachenko, en 2020. Tous deux avaient été arrêtés lors de la répression brutale de ce mouvement de protestation et condamné à de lourdes peines de prison.
Viasna précise que 114 des personnes libérées ont été conduites en Ukraine, tandis qu’une autre partie est attendue à Vilnius, en Lituanie.
La main de Washington sur leur libération
À la tête de la Biélorussie depuis plus de 30 ans, Alexandre Loukachenko, 71 ans, a écrasé plusieurs mouvements de contestation, dont le plus important, en 2020 et 2021, l’avait sérieusement fragilisé, le poussant à appeler à l’aide Vladimir Poutine.
Ces libérations font suite à l’annonce par un émissaire américain, John Coale, en visite en Biélorussie, de la levée des sanctions des États-Unis sur le potassium, un composant utilisé pour la fabrication d’engrais et dont la Biélorussie est un grand producteur.
Ces derniers mois, Donald Trump a encouragé la Biélorussie à libérer les centaines de prisonniers politiques que comptent le pays et le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis plus de 30 ans, a gracié des dizaines de personnes.
En échange, Washington avait déjà partiellement levé les sanctions contre la compagnie aérienne biélorusse Belavia, lui permettant d’entretenir et d’acheter des pièces pour sa flotte, qui comprend des Boeing.
Un feu vert en plus pour une paix en Ukraine ?
L’émissaire américain John Coale a affirmé samedi que la proximité entre Alexandre Loukachenko et son homologue russe Vladimir Poutine pourrait être utile dans la difficile médiation américaine en cours pour tenter de mettre fin à la guerre entre Kiev et Moscou.
« Votre président (Loukachenko) a une longue histoire avec le président Poutine et a la capacité de le conseiller. C’est très utile dans cette situation », a déclaré John Coale, cité par l’agence de presse étatique biélorusse Belta.
Depuis le soutien de Vladimir Poutine au régime biélorusse en 2020 et 2021, Minsk est beaucoup plus dépendant de la Russie, alors qu’auparavant Alexandre Loukachenko avait tâché de trouver un équilibre dans ses relations entre le Kremlin et l’Occident.

