Aux États-Unis, le numéro 2 du FBI s’en va, sur fonds de dissensions à propos des dossiers Epstein
Son départ était devenu inévitable : le numéro 2 du FBI, Dan Bongino, a annoncé qu’il allait quitter en janvier l’agence fédérale. Sa brève expérience à ce poste convoité de l’appareil américain s’achève dans un climat de crispation, marqué par des querelles internes, des polémiques publiques et un malaise durable parmi les agents.
Cet ancien policier, devenu célèbre lorsqu’il s’est reconverti animateur radio, sur Fox News, puis podcasteur, avait été nommé à ce poste pour la fidélité qu’il avait manifestée à Donald Trump. Il n’avait notamment jamais travaillé au FBI, une rupture historique pour un poste traditionnellement réservé à des vétérans de l’agence. Chargé de superviser le fonctionnement quotidien de dizaines de bureaux aux États-Unis et à l’étranger, il a peiné à s’adapter à un rôle exigeant, à la fois technique et institutionnel, tout en traînant son passé de commentateur pro-Trump et de promoteur de thèses complotistes.
L’épisode de l’arrestation du suspect accusé d’avoir posé des bombes artisanales le 5 janvier 2021 devant les sièges des partis républicain et démocrate a illustré les contradictions de Bongino : après avoir longtemps évoqué une possible manipulation interne, il a dû défendre publiquement des conclusions d’enquête fondées sur les faits, en rupture avec ses positions passées.
Bongino : « J’étais payé pour donner mon avis »
« J’étais payé dans le passé pour donner mon avis », a-t-il candidement avoué il y a quelques jours sur la chaîne Fox News, reconnaissant contre toute attente qu’il était conscient de ses mensonges. « Ce n’est pas pour cela que je suis payé actuellement, a-t-il poursuivi. Je suis payé pour être le directeur adjoint, et nous basons nos enquêtes sur des faits. »
Mais ce qui a semblé vraiment l’éloigner du FBI, c’est la querelle avec le Ministère de la Justice de Pam Bondi à la suite des atermoiements de l’administration Trump à propos de la publication des dossiers Epstein. Après avoir mobilisé ses soutiens à des fins électorales sur l’existence de révélations fracassantes qui seraient contenues dans ces dossiers, Trump a dû faire machine arrière une fois au pouvoir pour ne pas rendre public des documents dans lesquels il est souvent cité.
Entre-temps, beaucoup l’avaient cru et Dan Bongino était de ceux-là. Entre Bongino, plaisant pour une publication de ces dossiers, et Pam Bondi, freinant des quatre fers à la demande de Trump, la rupture a rapidement été consommée. Après un échange particulièrement tendu, avec Pam Bondi mais aussi avec la cheffe de cabinet de Donald Trump, Susie Wiles, il avait même cessé de se rendre à son poste pendant plusieurs jours.
« Je crois qu’il voulait surtout reprendre son show », a déclaré hier Donald Trump afin de détourner l’attention. Ce départ intervient dans un contexte de crise au sein du FBI, où les agents ont du mal à accepter les nouvelles priorités défendues par Bongino et le directeur Kash Patel. L’agence a dû faire face au départ de nombreux agents, licenciés ou qui ont démissionné.

