Aux États-Unis, Miami élit son premier maire démocrate depuis 30 ans, illustrant à nouveau le rejet de Donald Trump

Déc 10, 2025 - 07:04
Aux États-Unis, Miami élit son premier maire démocrate depuis 30 ans, illustrant à nouveau le rejet de Donald Trump

Le résultat était attendu, après des semaines de sondages constants, mais il vient s’inscrire dans un contexte national récent de défaites républicaines et de victoires démocrates. Miami a porté ce mardi à la tête de la ville Eileen Higgins, une démocrate de 61 ans, mettant fin à près de trente ans de domination républicaine dans une métropole pourtant devenue, au fil des derniers cycles électoraux, un symbole de l’ancrage conservateur de la Floride.

Avec 60% des suffrages, cette élue locale, du comté de Miami-Dade, s’est imposée très largement face à Emilio González, soutenu par Donald Trump, avec une avance d’environ 18 points lors du second tour.

Cette victoire est historique à plus d’un titre. Eileen Higgins devient la première femme maire de Miami, mais aussi la première personnalité non hispanique élue à ce poste depuis les années 1990, dans une ville à large majorité hispanique. Depuis 1997, date du dernier mandat démocrate avec Xavier Suarez, la mairie était restée entre les mains de figures issues de familles politiques cubano-américaines républicaines. Le maire sortant, Francis X. Suarez, fils de son prédécesseur démocrate mais devenu républicain, ne pouvait de toute façon pas se représenter, après avoir brièvement tenté sa chance à la présidentielle en 2024.

« On a tourné la page du chaos et de la corruption »

La dynamique du scrutin s’est dessinée dès le premier tour, organisé début novembre. Dans un champ de candidats fourni, Eileen Higgins était arrivée nettement en tête, sans toutefois atteindre la majorité absolue, tandis qu’Emilio González, ancien élu local et colonel de l’armée américaine à la retraite, s’était qualifié de justesse pour le second tour. Tous deux avaient axé leur campagne sur le thème de la gouvernance et de l’intégrité, après des années marquées par des scandales de corruption à l’hôtel de ville.

Le contexte national a pourtant rapidement transformé cette élection locale, traditionnellement peu médiatisée, en test politique très observé. Donald Trump est intervenu publiquement pour soutenir Emilio González, appelant les électeurs à se mobiliser dans ce qu’il considère comme son bastion floridien. En réponse, le Parti démocrate national a investi la campagne d’Eileen Higgins, envoyant plusieurs figures de premier plan à Miami dans les derniers jours, un engagement rare pour une élection municipale hors année électorale, marquée par une faible participation, avec moins de 37 000 votants au second tour, soit 20% des électeurs.

Sans revendiquer la portée nationale de son succès, Eileen Higgins l’a présenté comme un rejet clair des pratiques passées. Elle a déclaré vouloir rompre avec « des années de chaos et de corruption » et s’est engagée à instaurer une gestion éthique, efficace et tournée vers des résultats concrets. Ingénieure de formation, ancienne directrice du Peace Corps au Belize, elle s’était fait connaître en 2018 en se présentant avec autodérision comme « La Gringa » dans un district réputé favorable aux républicains. Son parcours et sa victoire écrasante témoignent désormais de sa capacité à fédérer bien au-delà des lignes partisanes.

Pour les démocrates, ce succès nourrit l’espoir d’un retournement durable dans le sud de la Floride, où Donald Trump avait pourtant remporté le comté de Miami-Dade lors de la présidentielle de 2024. Le président américain a aussi fait de la Floride sa seconde maison ; il possède une demeure à Mar-a-Lago, au nord de Miami. Les responsables nationaux du parti y voient un signal encourageant à l’approche des élections de mi-mandat de 2026, même si beaucoup restent prudents quant aux extrapolations nationales à partir d’un scrutin local.

Tomas Kauer - News Moderator https://www.tomaskauer.com/