« C’est mon âme qui m’a poussé à agir » : le héros qui avait désarmé un des assaillants de Sydney raconte son geste

Déc 29, 2025 - 07:01
« C’est mon âme qui m’a poussé à agir » : le héros qui avait désarmé un des assaillants de Sydney raconte son geste

Ahmed al Ahmed ne se voit pas comme un héros. Pourtant, l’intervention de cet homme de confession musulmane a sans doute empêché un bilan encore plus lourd lors de la fusillade qui a frappé la communauté juive australienne, à Bondi Beach (Sydney) le 14 décembre dernier. Tout le monde se souvient de ces images, où on voit ce commerçant syro-australien se ruer sur un des assaillants pour le désarmer, au péril de sa vie.

Dans un entretien exclusif accordé à CBS News, cet homme a raconté avoir agi sans réfléchir, mû par une seule obsession : empêcher le tireur de continuer à abattre des innocents, sans même penser au deuxième tireur, placé un peu plus haut sur une passerelle piétonne.

« Je ne me suis soucié de rien, a-t-il raconté. Mon seul but était de prendre l’arme de ses mains, de l’arrêter et de l’empêcher de prendre des vies d’êtres humains, de tuer des innocents. »

Au moment des faits, Al Ahmed se trouvait près du front de mer lorsqu’il a compris qu’une attaque était en cours. Sans arme, sans protection, il s’est brièvement caché derrière une voiture stationnée avant de se jeter sur l’un des assaillants. Les images de vidéosurveillance le montrent bondissant sur le dos du tireur, le frappant puis luttant pour lui arracher son arme. Il parvient à le maîtriser, avant d’être lui-même blessé.

« Je l’ai agrippé avec ma main droite »

« Je lui ai sauté dessus, je l’ai frappé, a-t-il raconté. Je l’ai agrippé avec ma main droite et j’ai commencé à lui crier des choses, vous savez, pour le prévenir, pour qu’il lâche son arme, qu’il arrête ce qu’il faisait, et tout s’est passé très vite. »

L’homme a également raconté son état émotionnel lors de cette tentative désespérée de désarmer l’assaillant. « Émotionnellement, je faisais quelque chose, je ressentais une force en moi, dans mon corps, dans mon esprit… Je ne voulais pas voir des gens se faire tuer devant moi, voir du sang, je ne voulais pas entendre les coups de feu, je ne voulais pas voir des gens crier et supplier, demander de l’aide, et c’est mon âme qui me poussait à agir. »

S’il sait avoir sauvé de nombreuses vies, al Ahmed dit aussi porter le poids des victimes qu’il n’a pas pu empêcher de mourir. Quinze personnes ont été tuées et une quarantaine d’autres blessées lors de cette attaque, qui visait une célébration de Hanoucca et, plus largement, la communauté juive de Sydney, selon les autorités australiennes et américaines. Il s’agit de la pire fusillade de masse en Australie depuis 1996.

« Je sais que j’ai sauvé un paquet de vies, a-t-il confié. Des enfants innocents, des femmes, des personnes âgées, des hommes, mais je suis surtout désolé pour ceux qui sont morts. »

La police a identifié les deux auteurs comme Sajid Akram, 50 ans, abattu par les forces de l’ordre sur place, et son fils de 24 ans, Naveed Akram. Ils auraient été influencés par l’idéologie de l’État Islamique. Depuis, le geste d’Ahmed al Ahmed a été salué bien au-delà de l’Australie, comme un symbole de courage et d’humanité face à la haine.

Tomas Kauer - News Moderator https://www.tomaskauer.com/