C’est quoi le Somaliland, ce pays qu’Israël est le premier à reconnaître ?
Depuis son club de golf de Floride, Donald Trump s’est chargé lui-même de poser la question. « Est-ce qu’il y a vraiment des gens qui savent ce qu’est le Somaliland ? », a demandé le président américain après qu’Israël est devenu le premier pays à reconnaître ce territoire africain.
Après cette démarche de l’État hébreu, les réactions de nombreux pays voisins ne se sont pas fait attendre. Mais au juste, de quel territoire parle-t-on ?
Plus de 6 millions d’habitants
Le Somaliland se situe dans l’actuelle Somalie, au nord de la Corne de l’Afrique. Également limitrophe de l’Éthiopie et de Djibouti, il abrite plus de 6 millions d’habitants et est bordé au nord par le stratégique golfe d’Aden.
Pendant des siècles, ce territoire à peine moins grand que l’Italie faisait partie de l’Empire ottoman, avant de passer sous protectorat britannique à la fin du XIXe siècle. C’est à ce moment qu’il est nommé « Somaliland ». Disputé par les Italiens pendant la Seconde Guerre mondiale, il est finalement conservé par les troupes britanniques jusqu’à son indépendance proclamée fin juin 1960.
Une indépendance reconnue par personne jusqu’à hier
Une indépendance qui n’aura duré que cinq jours, avant qu’il ne fusionne avec la Somalie italienne, qui devient alors la Somalie. Ce n’est que 31 ans plus tard, après la guerre civile somalienne (1978-1991), que le Somaliland proclame à nouveau son indépendance, qui n’a jamais été reconnue par la communauté internationale avant la décision israélienne de ce 26 décembre 2025.
Malgré cette absence de reconnaissance internationale, le Somaliland fonctionne depuis plus de trois décennies comme un État de facto : il dispose de son propre gouvernement, d’une monnaie, d’un système éducatif et sécuritaire, ainsi que d’élections jugées relativement libres par les observateurs internationaux.
Une relative stabilité
Surtout, comme l’indique l’Institution de relations internationales et stratégiques (Iris), le Somaliland a longtemps fait figure d’une relative stabilité, au sein de la Corne de l’Afrique, particulièrement fragmentée. En effet, depuis 20 ans, la Somalie est confrontée aux islamistes shebabs, liés à Al-Qaïda. La guerre fait par exemple encore rage à 60 km de la capitale Mogadiscio.
Mais les violences n’épargnent le Somaliland pour autant. En 2023, l’ONU annonçait qu’entre 150 et 200 000 personnes ont dû fuir leur foyer dans la ville disputée de Las Anod, suite à des combats « entre les forces armées de la région et des milices loyales au gouvernement central somalien ».
Le port, source d’opportunités commerciales
Mais surtout, le Somaliland est un territoire particulièrement stratégique en raison de sa localisation géographique. « Son port, en partie géré par une entreprise émirienne, intéresse notamment Addis-Abeba (la capitale de l’Éthiopie, ndlr) qui cherche de nouvelles voies commerciales », poursuit l’Iris.
La reconnaissance de Tel-Aviv s’inscrit donc dans un contexte de longue date, entre place stratégique et conflits internes. Récemment, un plan imaginé par les États-Unis et Israël « visant à expulser et relocaliser la population gazaouie vers le Somaliland » a été envisagé, rappelle l’Iris, qui estime que « cette perspective impliquerait le pays dans un possible nettoyage ethnique ».
À ce sujet, les shebabs ont affirmé ce samedi « (rejetaient) l’ambition des Israéliens de revendiquer ou d’utiliser des parties de (leurs) territoires ». « Nous ne l’accepterons pas et nous la combattrons, si Dieu le veut », a déclaré leur porte-parole, rappelant qu’Israël est « le plus grand ennemi de la société islamique ».

