« Créée pour une autre époque » : la Grande-Bretagne et le Danemark estiment que la CEDH n’est plus adaptée à l’immigration actuelle
Le Premier ministre britannique Keir Starmer et son homologue danoise Mette Frederiksen ont appelé mardi les Européens à réformer la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) afin de lutter contre l’immigration illégale, dans une tribune conjointe publiée dans le quotidien The Guardian.
Cette tribune venant des dirigeants de deux pays ayant considérablement durci leur politique migratoire est publiée à la veille d’une réunion informelle des ministres de la Justice des pays signataires de la CEDH à Strasbourg sur l’immigration et le rôle de la Convention, et après que Donald Trump a déploré que l’Europe « se délabre » en ne luttant pas suffisamment contre l’immigration.
Keir Starmer et Mette Frederiksen (social-démocrate) défendent une « modernisation de l’interprétation » de la Convention dans les différents droits nationaux, ajoutant qu’elle doit « évoluer afin de refléter les défis du XXIe siècle ». Selon les deux dirigeants, c’est le « meilleur moyen de lutter contre les forces de la haine et de la division » en Europe.
Au Royaume-Uni, la CEDH est très critiquée, accusée d’empêcher le gouvernement de lutter contre l’immigration illégale, notamment l’arrivée de migrants par la Manche sur de petits bateaux.
Acculés par les conservateurs et Reform UK
Les conservateurs et le parti anti-immigration Reform UK défendent une sortie pure est simple de la Convention, tandis que le gouvernement travailliste de Keir Starmer a annoncé le mois dernier qu’il comptait réduire son champ d’application en matière de droit d’asile, et qu’il voulait négocier une réforme avec les autres pays signataires.
La Convention européenne des droits de l’homme est un traité signé par les 46 États membres du Conseil de l’Europe, qui garantit le respect des libertés fondamentales. Sa bonne application est contrôlée par la Cour européenne des droits de l’homme. « Le système actuel d’asile a été créé pour une autre époque », font valoir Keir Starmer et Mette Frederiksen dans leur tribune, ajoutant que « dans un monde de mobilité massive, les réponses d’hier ne fonctionnent pas ».
« Nous protégerons toujours ceux qui fuient la guerre et la terreur, mais le monde a changé et les systèmes d’asile doivent également changer », insistent-ils. « Ensemble, nous appelons nos amis à travers l’Europe à aller plus loin pour relever ces défis », ajoutent-ils encore.

