D’extrême droite, pragmatique, admirateur de Pinochet : qui est José Antonio Kast, le nouveau Président du Chili ?
Moins exubérant que d’autres dirigeants d’extrême droite, son idéologie n’en est pas moins radicale : José Antonio Kast, élu dimanche président du Chili, est un ultraconservateur et admirateur assumé du dictateur Augusto Pinochet. Avocat et ex-député de 59 ans, José Antonio Kast est le benjamin d’une fratrie de dix enfants. Son père, né en Allemagne, s’est installé au Chili après la Seconde Guerre mondiale et y a fondé une entreprise de charcuterie prospère.
Gracias Temuco y al gran equipo que me acompañó en esta gran campaña!!
Este domingo vamos a ganar y el lunes vamos a empezar a trabajar sin descanso para recuperar y reconstruir Chile.
Viva Chile!! ?️?? pic.twitter.com/tHzvbXEtHu— José Antonio Kast Rist ?️?? (@joseantoniokast) December 11, 2025
Des enquêtes menées par des médias en 2021 ont révélé que ce dernier avait été membre du parti d’Adolf Hitler. José Antonio Kast affirme que son père a été enrôlé de force dans l’armée allemande et nie qu’il ait été un partisan du mouvement nazi. Membre du mouvement Schönstatt, un courant catholique conservateur d’origine allemande, le nouveau président élu est marié et père de neuf enfants. Il considère la famille sous sa forme traditionnelle, avec un père, une mère et des enfants, comme le « noyau fondamental de la société ».
S’il a soigneusement évité de répéter ses positions en matière sociétale durant sa campagne, Kast s’est dans le passé dit opposé à l’avortement même en cas de viol, à la pilule du lendemain, au divorce et au mariage entre personnes de même sexe. Son style dénote par rapport à celui d’autres dirigeants passés ou actuels auxquels il est parfois comparé, comme le Brésilien Jair Bolsonaro ou l’Argentin Javier Milei.
Il « n’a pas une personnalité très charismatique », juge Robert Funk, professeur de sciences politiques à l’Université du Chili, mais il est « beaucoup plus conservateur ». Il « est perçu comme très sobre, très pragmatique, posé et calme », a déclaré Amanda Marton, co-autrice du livre « Kast, l’extrême droite à la chilienne ».
Kast soutient que Pinochet aurait voté pour lui
Par le passé, Kast a affirmé que, selon lui, l’ancien dictateur Pinochet (1973-1990), mort en 2006, aurait voté pour lui s’il avait été encore en vie. Pour sa troisième course à la présidence, José Antonio Kast a relégué au second plan un agenda conservateur qui lui avait coûté des voix lors de sa précédente candidature face à Gabriel Boric en 2021.
Sa campagne a surtout reposé sur une promesse centrale : lutter de manière « implacable » contre la criminalité et les étrangers en situation irrégulière. « Si cela ne se fait pas volontairement, nous irons les chercher » pour les expulser, menace-t-il. Il rend les quelque 340 000 migrants sans papiers vivant au Chili, en majorité des Vénézuéliens, responsables de la recrudescence de la délinquance.
??️#EleccionesCNNChile | Gabriel Boric a José Antonio Kast: "Quiero que sepa que siempre estaré a disposición para poder colaborar con los destinos de la patria"
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Lors de ses meetings, abrité derrière une vitre pare-balles dans l’un des pays pourtant les plus sûrs d’Amérique latine, il présente le Chili comme étant en proie au « chaos » et promet « l’ordre et la sécurité ». Chiffres et experts nuancent fortement ce constat alarmiste. Au Chili, on constate « une augmentation de l’insécurité qui est relative et bien inférieure à celle d’autres pays de la région », souligne Guillaume Long, analyste au Centre d’études économiques et politiques (CEPR).
Dans les moments de tension, José Antonio Kast laisse échapper un sourire nerveux. Il lui arrive de se montrer autoritaire, selon d’anciens collaborateurs. « Soit tu es avec lui, soit il est contre toi », a pointé la journaliste Lily Zuñiga, qui a œuvré à ses côtes lorsqu’il était secrétaire général de l’Union démocrate indépendante (UDI), le parti auquel il a appartenu pendant deux décennies.
Député pendant 16 ans, José Antonio Kast a démissionné de l’UDI en 2016, estimant que le parti avait abandonné ses principes conservateurs. En 2019, il a créé le Parti républicain, formation d’extrême droite qu’il dirige depuis.

