Le dispositif militaire américain dans les Caraïbes connaît une montée en puissance notable depuis plusieurs jours, sur fond d’escalade verbale et stratégique entre Washington et Caracas. D’après l’analyse de données de trafic aérien étudiées par le New York Times, des avions de transport lourd C-17 de l’US Air Force ont effectué au moins seize vols vers Porto Rico en l’espace d’une semaine, en provenance de bases situées sur l’ensemble du territoire américain, mais aussi à l’étranger.

Ces appareils, habituellement utilisés pour le déplacement de troupes, de véhicules et d’équipements militaires, ont notamment décollé du Nouveau-Mexique, de l’Illinois, du Vermont, de la Floride, de l’Arizona, de l’Utah, de l’État de Washington et même du Japon.

Ce chiffre pourrait toutefois être sous-estimé. Certaines missions militaires n’apparaissent pas sur les plateformes publiques de suivi des vols, en raison de restrictions liées à la sécurité ou à des choix opérationnels délibérés. Des échanges avec le contrôle aérien laissent penser que d’autres rotations ont pu avoir lieu sans être rendues visibles. Le contenu exact de ces vols reste inconnu : ni le nombre de soldats transportés ni la nature du matériel acheminé n’ont été précisés. Le Pentagone, sollicité par le média new-yorkais, a refusé de commenter ces mouvements.

15000 militaires déjà présents dans les Caraïbes

Cette activité s’inscrit dans un contexte plus large de déploiement massif. Le commandement américain pour la région a indiqué qu’environ 15000 militaires sont déjà positionnés dans les Caraïbes, ce qui constitue l’une des concentrations navales les plus importantes observées ces dernières années. Donald Trump lui-même a récemment qualifié ce dispositif de « gigantesque armada » et affirmé que des opérations terrestres au Venezuela pourraient intervenir « prochainement ».

Parallèlement, la presse américaine a révélé le transfert récent d’aéronefs dédiés aux forces spéciales vers la région, renforçant l’hypothèse d’une préparation opérationnelle plus avancée. Cette intensification militaire intervient quelques mois après la signature, tenue secrète à l’époque, d’une directive présidentielle autorisant le Pentagone à recourir à la force contre certains cartels latino-américains classés comme organisations terroristes par l’administration Trump. Depuis, une série d’attaques maritimes a fait plus d’une centaine de morts.

Cette campagne soulève de vives interrogations juridiques. Des spécialistes du droit constitutionnel et du droit de la guerre estiment que ces opérations s’effectuent sans base légale claire, le Congrès n’ayant ni autorisé explicitement l’usage de la force ni déclaré la guerre au Venezuela. À mesure que les mouvements militaires s’intensifient, le risque d’un basculement vers un conflit ouvert apparaît désormais plus tangible.