Pots-de-vin, harcèlement sexuel... le PS du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez toujours en pleine tempête

Déc 13, 2025 - 07:01
Pots-de-vin, harcèlement sexuel... le PS du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez toujours en pleine tempête

Ça n’en finira donc jamais ? C’est la question que doit se poser, encore une fois, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, dans la tourmente depuis des mois. Son ancien bras droit et homme de confiance José Luis Ábalos, en détention provisoire depuis deux semaines, a appris jeudi qu’il allait être jugé. Le Tribunal suprême de Madrid, la plus haute institution judiciaire d’Espagne, a confirmé les poursuites dans « l’affaire Koldo », un scandale de corruption lors de la passation de contrats pour la vente de masques chirurgicaux pendant la pandémie de Covid-19. L’ancien ministre des Transports, qui a quitté le gouvernement en 2021, est toujours député.

Le parquet réclamera 24 ans de prison à son encontre. Il sera jugé aux côtés de son ex-assistant, Koldo Garcia, et d’un entrepreneur, Victor de Aldama, au cœur du dossier pour trafic d’influence, appartenance à une organisation criminelle, détournement de fonds publics et corruption.

L’enquête, ouverte depuis le printemps, a aussi éclaboussé l’ancien n° 3 du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Santos Cerdán, qui avait succédé au gouvernement à José Luis Ábalos. Cerdán est en détention provisoire depuis cinq mois.

« C’est une Espagne qui n’existe plus »

José Luis Ábalos, Koldo García et Santos Cerdán ont tous les trois joué un rôle clé dans le retour de Pedro Sánchez aux commandes du PSOE en 2017, lui offrant la victoire aux législatives qui a permis qu’il devienne Premier ministre. Après un premier passage laborieux à la tête du parti entre 2014 et 2016, Sánchez et ses trois amis avaient effectué une tournée des régions d’Espagne en voiture, au contact des militants, pour emporter leur ralliement. Cette équipée politique leur vaut aujourd’hui d’être parfois surnommé le « clan Peugeot » par l’opposition.

S’il n’a jamais nié son amitié pour les trois hommes, Sánchez ne cesse de multiplier les déclarations de probité, promettant que le Parti socialiste n’avait jamais bénéficié de financements illégaux. Et jure qu’il ignorait tout de ces contrats véreux.

Il n’empêche : ce vendredi, la communiste Yolanda Díaz, deuxième vice-présidente du gouvernement et ministre du Travail, a convoqué une réunion d’urgence pour exiger un remaniement ministériel en profondeur. Il faut, a-t-elle dit, « refondre le gouvernement de fond en comble (…) et de passer à l’action ». « Ces histoires de coureurs de jupons, d’escrocs et de corruption… C’est une Espagne qui n’existe plus ; les gens sont honnêtes. Ces idées datent du XXe siècle. Il est temps de tourner la page », a-t-elle plaidé.

Car l’affaire Koldo se double d’allégations de harcèlement sexuel contre plusieurs dirigeants du PSOE. Depuis une semaine, le responsable des fédérations socialistes dans la province de Torremolinos est accusé d’avoir envoyé, pendant plusieurs années, des centaines de messages « à caractère sexuel, des insinuations et des avances non sollicitées » à une jeune femme, selon le quotidien El País. Il aurait aussi eu des gestes déplacés à son égard. Un autre est accusé d’avoir couvert les agissements d’un ancien conseiller de Sanchez, Francisco Salazar. Lui est accusé par plusieurs anciennes collaboratrices d’avoir considéré qu’un refus poli de leur part n’avait aucune valeur et qu’il pouvait continuer à les solliciter. Salazar a dû démissionner de son mandat de député en juillet.

Un soutien juridique et psychologique aux victimes

Jeudi, le site d’information en ligne de gauche elDiario a révélé l’existence d’un « quatrième cas d’allégations de harcèlement sexuel, cette fois-ci contre Javier Izquierdo », membre de la direction fédérale du PSOE. Et selon le site, une nouvelle employée du parti est venue alourdir le dossier Salazar, l’accusant d’avoir tenu des propos obscènes sur ses vêtements et son corps, de l’avoir invitée à dîner seule avec lui et de lui avoir demandé de dormir chez lui alors qu’elle occupait un poste subalterne au palais de la Moncloa, résidence et lieu de travail officiel du Premier ministre du royaume d’Espagne.

En réponse, le chef du gouvernement a appelé toutes les femmes victimes d’abus sexuels à se signaler. Le parti s’est engagé à offrir un soutien juridique et un appui psychologique aux femmes qui souhaitent engager des poursuites judiciaires.

Tentant de reprendre la main, Sanchez a également annoncé plusieurs mesures contre la corruption, notamment des réformes de l’appareil du parti « pour éviter une concentration excessive du pouvoir » et la garantie de l’anonymat pour les lanceurs d’alerte. Il a exclu de démissionner : « Le capitaine n’abandonne pas le navire quand la mer se déchaîne, il reste pour affronter la tempête », a-t-il garanti. Quant à remanier, il n’a pas encore répondu à Yolanda Díaz.

Tomas Kauer - News Moderator https://www.tomaskauer.com/