Dans la colonne de gauche, les nations reconnaissant l’existence de l’État de Palestine. Les drapeaux de dizaines de pays, parmi lesquels l’Algérie, l’Argentine le Brésil, la Belgique, la Corée du Sud, la France, le Portugal ou encore l’Espagne. Dans la colonne de droite, la liste des pays reconnaissant la légitimité du Somaliland, une République autoproclamée ayant fait sécession de la Somalie en 1991. Il n’y en a qu’un seul : Israël.

C’est par ce tableau que le compte officiel de l’État de Palestine sur X a répondu aux moqueries de Gideon Saar, le ministre des Affaires étrangères de l’État hébreu. Plus tôt dans la journée, le diplomate avait tourné en dérision la réaction de la Palestine à la reconnaissance du Somaliland par Israël, survenue vendredi.

“??” https://t.co/KJ29lzxAfq pic.twitter.com/cEuHPVolM9— State of Palestine (@Palestine_UN) December 27, 2025

« Le ministère des Affaires étrangères d’un pays virtuel condamne la reconnaissance d’un pays qui existe en réalité depuis plus de 34 ans », a-t-il écrit sur X, accompagnant son message d’émojis hilares.

« Saper la paix et la sécurité internationale »

Avant cela, le ministère des Affaires étrangères palestinien s’était fendu d’un communiqué soutenant « la souveraineté de la Somalie » et rejetant « la reconnaissance israélienne du Somaliland ».

« Le ministère affirme que ce refus de reconnaissance s’inscrit dans le cadre des tentatives d’Israël, en tant que puissance coloniale, de saper la paix et la sécurité internationales, en particulier la sécurité régionale et arabe, et qui persistent à menacer la région et à la maintenir dans un état d’instabilité, en violation flagrante du droit international, de la Charte des Nations Unies et des normes impératives relatives à la nécessité de respecter l’unité, la souveraineté et l’intégrité territoriale des États », peut-on lire dans ce texte.

Et ajouter : « Le ministère des Affaires étrangères et des Expatriés rappelle qu’Israël a utilisé le nom de Somaliland comme prétexte pour déplacer des Palestiniens, notamment de la bande de Gaza. »

« Dans l’esprit » des accords d’Abraham

La Palestine n’est pas seule à avoir dénoncé l’établissement de relations diplomatiques entre les deux pays, avec l’ouverture prochaine d’ambassades et la nomination d’ambassadeurs. La Somalie, d’abord, a fustigé une « attaque contre sa souveraineté » de la part de l’État hébreu, qui « exacerbe les tensions » dans l’ensemble de la région. L’Égypte et la Turquie, proche alliée de la Somalie, ont fait de même.

Le président du Somaliland, Abdirahman Mohamed Abdullahi, lui, était aux anges, vendredi, après cette première reconnaissance officielle d’un autre État. « Un moment historique », s’est réjoui le dirigeant de ce territoire de la superficie de l’Uruguay, qui a rencontré Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien.

Pour l’État hébreu, cette initiative s’inscrit « dans l’esprit » des accords d’Abraham, ayant permis de normaliser les relations d’Israël avec plusieurs pays arabes, dont le Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Maroc.

Récemment, un plan imaginé par les États-Unis et Israël « visant à expulser et relocaliser la population gazaouie vers le Somaliland » a été envisagé, rappelle l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), qui estime que « cette perspective impliquerait le pays dans un possible nettoyage ethnique ».