VIDÉO. Qui sont les « bandits », ces gangs de kidnappeurs qui terrorisent le Nigeria ?
Ils arrivent par dizaines, souvent à moto, armés de fusils d’assaut. Dans le nord-ouest du Nigeria, des groupes armés localement appelés « bandits » terrorisent les populations.
Le 21 novembre dernier, plus de 300 enfants ont été enlevés dans une école catholique. Quatre jours plus tôt, ce sont 25 lycéennes d’une école musulmane qui ont été kidnappées. Si une partie des otages s’est échappée ou a été libérée, les enlèvements comme ceux-là, se comptent par centaines.
Ces « bandits » sans nom, distincts des organisations jihadistes, sont composés de jeunes hommes très mobiles, agissant principalement pour des raisons économiques. « Ce sont des groupes armés, souvent de plusieurs centaines de personnes, extrêmement mobiles », explique Thibaut Lanchon, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest à Africa Intelligence.
Depuis plus d’une décennie, ils pillent des villages, brûlent des habitations et kidnappent hommes, femmes et enfants pour obtenir des rançons. Ils opèrent en priorité dans les zones rurales isolées, et y ciblent les écoles et les rassemblements religieux. « Ils s’attaquent à tout le monde, sans distinction religieuse », précise l’expert. Les rançons, allant de quelques centaines à plusieurs millions d’euros, sont le plus souvent payées par les familles ou les communautés locales, « Tout le monde a peur, on ne sait pas qui sera le prochain », témoigne une habitante.
Face à cette violence, le gouvernement nigérian a classé ces groupes comme organisations terroristes, offert des primes pour capturer certains chefs et renforcé les forces de sécurité. Mais sur le terrain, l’État peine à reprendre le contrôle. « Abuja est parfois loin de la réalité de ces zones reculées », souligne Thibaut Lanchon. La population s’organise donc en milices d’autodéfense, souvent mal armées.
Mais ces dernières semaines, les attaques se sont intensifiées. En cause, la fin de la saison des pluies, mais aussi des facteurs politiques. Les déclarations de Donald Trump, évoquant une possible intervention américaine pour défendre les chrétiens, « ont probablement accru la pression et encouragé certains groupes à frapper davantage », estime l’expert. Une menace de plus dans un pays déjà confronté à une crise sécuritaire multiple.

