Cinq choses à savoir sur Tibo InShape, l’influenceur muscu et politique 

Youtubeur sportif ou politique ? Ces derniers mois, Thibaud Delapart, alias Tibo InShape sur Internet, a pris le parti de faire les deux et de l’assumer.

Après une première vidéo au mois de janvier pour parler de ses idées à ses 26 millions d’abonnés, c’est directement à Emmanuel Macron que le vidéaste le plus suivi de France s’adressera ce mardi soir, lors d’un grand oral présidentiel sur TF1. Au cœur de son intervention : la place du sport à l’école et la jeunesse, selon un membre de son équipe à POLITICO. 

Une quasi consécration pour l’influenceur, devenu peu à peu une figure de l’Internet politique, quoique son positionnement n’ait pas toujours été parfaitement clair.

De Renaissance au Rassemblement national en passant par Les Républicains, Tibo InShape est d’ailleurs convoité par les politiques de droite qui pensent atteindre à travers lui une certaine jeunesse périphérique, masculine et attachée “aux valeurs de la famille, de l’entrepreneuriat et de la sécurité”, dans les mots d’un communicant ayant collaboré avec lui.

Voici les cinq éléments clefs à connaître sur ce youtubeur prisé de vos élus. 

Des chiffres énormes et secs 

Collaborer avec Tibo InShape, c’est s’assurer une communication massive sur l’ensemble des réseaux sociaux ou presque. Si l’influenceur muscu cumule déjà 26 millions d’abonnés sur YouTube, il n’est pas en reste sur TikTok et X, où il totalise 18,5 millions de personnes pour le premier et 1,4 million pour le deuxième. 

Des statistiques “énormes et sèc(hes)”, comme les avait qualifiées Gabriel Attal sur le plateau de C à vous en mai 2024. Une référence directe du Premier ministre d’alors à la phrase fétiche du bodybuilder pour parler de ses… muscles.

La moindre prise de position du créateur de contenus peut ouvrir un débat rapidement viral. Il le sait et entretient volontiers son image d’homme de droite, à travers son goût pour l’armée et le drapeau français ou pour l’entrepreneuriat. Mais défend dans le même temps certaines idées plus progressistes, comme l’inclusion par le sport. Fin mars dernier, en pleine polémique sur la proposition de loi sur l’interdiction des signes ostentatoires religieux dans le sport professionnel et amateur en France, le youtubeur s’était ainsi exprimé en faveur du port du voile dans le sport. 

“Chacun doit pouvoir pratiquer une activité sportive avec la tenue de son choix : croix, kippa ou voile. (…) Le sport ne radicalise pas, au contraire, il aide à intégrer chaque personne, peu importe son origine, sa couleur de peau ou sa religion”, a-t-il écrit dans un long message sur X rapidement relayé et “liké” par 44.000 personnes. 

“C’est Tibo qui a souhaité s’exprimer sur le sujet et prendre position contre cette interdiction”, relate un membre de son équipe à POLITICO, qui évoque une publication réfléchie. 

Equipe de com’

Le youtubeur assure vouloir partager ses idées politiques, sans pour autant donner de consignes à ses abonnés. Pour ce faire, il a recruté un conseiller en communication qui l’épaule dans la préparation de ses différents contenus politiques, comme le révélait POLITICO en janvier. 

C’est dans ce contexte qu’il a publié une vidéo sur sa chaîne YouTube pour évoquer ses opinions politiques, jusqu’alors confuses. Il assume partager des idées de droite en se positionnant contre la légalisation de la drogue et en se montrant favorable à une immigration régulée, tout en se déclarant pro-IVG et mariage pour tous. 

Un discours d’apparence nuancé qui plaît aux politiques, parfois moins efficaces pour transmettre leurs idées sur les réseaux sociaux. Les contenus du youtubeur ont par exemple été partagés par Laurent Wauquiez (LR) ou le député Jean-Philippe Tanguy (RN), comme l’a repéré POLITICO. 

Polémiques en série 

Dans cette même vidéo, Tibo InShape se défend d’avoir des idées racistes ou homophobes. Le reproche lui a été régulièrement fait depuis une interview au JDD parue en décembre 2024. Le créateur y déclarait que le Rassemblement national défendait des valeurs “proches des [siennes], mais pas toutes”. 

D’anciens messages Facebook ont aussi renforcé ces accusations. Dans des publications datant de 2009, le  youtubeur attaquait violemment la communauté musulmane et critiquait “Toulouse et son mélange de culture”. Des publications qu’il a fini par présenter, dans une interview à Brut en 2024, comme de “l’humour noir”, et qui faisaient suite à une agression subie la même année, selon lui.  

Lors des élections législatives anticipées en juin dernier, il avait également refusé de donner sur X des indications de vote à ses abonnés après une publication d’un youtubeur qu’on présente parfois comme son rival — Lucas Hauchard, alias Squeezie — appelant sa communauté à voter contre l’extrême droite. Il avait finalement indiqué, quelques jours plus tard, avoir voté pour le parti Renaissance. 

Vidéos promotionnelles  

C’est donc en parlant sport et société que le bodybuilder a peu à peu politisé sa parole. Ses premiers contenus politisés officiellement datent de 2019 avec, notamment, une vidéo publiée sur sa chaîne promouvant le Service national universel (SNU) avec Gabriel Attal, alors secrétaire d’Etat à la Jeunesse. 

Depuis, le vidéaste a également enchaîné les vidéos promotionnelles, contre plusieurs milliers d’euros, avec plusieurs services de l’Etat. Il a ainsi fait la promotion de métiers rattachés au ministère des Armées, comme l’Armée de terre, le GIGN, la gendarmerie, le Raid et la police. 

Ministre des Sports 

L’influenceur n’exclut pas d’occuper lui-même un jour un poste plus politique. Auprès de Brut, Tibo InShape avait assuré qu’il répondrait positivement à une proposition à un poste de ministre des Sports et ce, peu importe le parti à la tête du gouvernement. 

S’il ambitionne avant tout d’inciter les Français à adhérer à sa passion première, le sport, il veut aller plus loin et les convaincre d’aimer “leur pays et leur drapeau”, lui qui regrette souvent un manque de patriotisme de la part de ses jeunes abonnés.